Ce
n'est pas parce que nous sommes au XXIe siècle,
à l'aire de l'informatique, que l'écriture a
disparu. Bien au contraire, et l'orthographe constitue toujours un
impératif, hier comme aujourd'hui.
Malheureusement,
l'enseignement de l'orthographe, tout comme
l'orthographe des élèves, suscitent des passions
irrationnelles, des nostalgies absurdes et des
contrevérités grossières.
En
déplorant avec
constance les résultats des élèves,
des publications du Ministère aux émissions de
télévision, l'enseignement traditionnel
d'aujourd'hui ne cesse en réalité de proclamer
son impuissance ou son échec.
De
surcroît, la
démarche classique de la leçon
d’orthographe (apprendre une règle,
l’appliquer dans des exercices en espérant un
réinvestissement dans des activités
d’écriture) est contraire à celle
préconisée dans la circulaire de 1977 du
Ministère de l'Education Nationale comme dans les programmes
de 2002, et de 2007.
L'orthographe
du français est reconnue par tous les
linguistes comme une des plus difficiles au monde. Le
français oral et le français écrit
sont quasiment deux langues différentes : le
français écrit est très loin
d'être une simple transcription graphique de l'oral.
Le
français écrit multiplie les marques graphiques,
qui font sens du point de vue grammatical (marques de pluriel, de
féminin, terminaison des verbes, etc.), et que l'oral ignore
;
sans
compter toutes les
graphies possibles
d'un même son qui ont souvent une fonction
sémantique (distinguer des homophones ; indiquer un temps,
une personne ; rendre compte de la parenté entre
mots d'une même famille ; etc.) mais qui peuvent aussi
n'être que la trace de l'origine du mot (fonction
éthymologique).
Des lettres
ne se combinent
pas de la même façon
suivant
la nature du mot : les verbes ont leurs propres règles de
combinatoire ("nous étions" : les lettres t/i/o/n
ne font
pas le même son que dans le mot "attention").
L'orthographe a un poids énorme dans les jugements
portés dès le début des apprentissages.
Pour
beaucoup de jeunes,
l'orthographe est le symbole même de leur rejet de
l'école : à la fois rejetés par
l'école (parce que mauvais en orthographe, donc mauvais en
français, donc mauvais élève) et rejet
de leur part de l'école et de tout ce qui y est
enseigné.
Trop d'élèves sont totalement bloqués
dès qu'on leur demande la moindre activité
d'écriture, parce qu'ils ne sont pas capables de
maîtriser un tant soit peu l'orthographe.
L’orthographe
est
une condition essentielle de la bonne
compréhension de toute communication écrite. A
celui qui lit, elle offre des indices qui facilitent la
compréhension du texte ; à celui qui
écrit, elle impose des contraintes qui réduisent
les risques de malentendus.
Ecrire
sans faute est un lent processus
d'appropriation des normes de la langue écrite.
La maîtrise
de
l'orthographe n'est pas le simple résultat
d'une mise en application de règles apprises par cœur, mais
une
affaire de réflexion et de conceptualisation, autant que de
répétition ; les procédures ne
s'automatisent
qu'à terme.
Enseigner
l’orthographe comme un ensemble de connaissances
nécessaires pour comprendre les mots et leurs relations
permet
de concevoir des modalités d’apprentissage propres
à en faire apparaître la fonctionnalité.